Conférence de Patrick S. D. McCartney
7 décembre, 10 h 00 (heure de Paris)

L'influence de l'acrobatie sur le yoga: adopter une approche flexible

Dans cette conférence, j’explorerai comment la performance acrobatique a pu influencer les postures du haṭhayoga. Il s’agit encore d’une théorie en développement, que j’aborde donc avec prudence. J’appelle cette hypothèse le « Tournant Contorsionniste », qui suggère que les haṭhayogins auraient intégré dans leur propre pratique certaines prouesses acrobatiques, ainsi que leur signification symbolique. Bien que quelques références mentionnent une influence de l’acrobatie sur les postures complexes du yoga, les recherches approfondies sur ces liens restent rares.

Historiquement, les acrobates étaient vénérés comme des artistes sacrés, auxquels on prêtait des pouvoirs surnaturels. Ils occupaient une place centrale dans les rituels anciens — des cérémonies mésopotamiennes et égyptiennes aux rites chamaniques — où leurs prouesses audacieuses et périlleuses étaient perçues comme divines. Cependant, avec le temps, les acrobates sont passés du domaine du rituel religieux à celui du spectacle de rue, souvent considérés comme des amuseurs peu dignes de confiance.

Ce déclin du respect peut expliquer pourquoi le lien entre le haṭhayoga et l’acrobatie n’a jamais été pleinement étudié. Dans cette conférence, j’examinerai ces connexions possibles à travers le temps et les cultures, afin de mieux comprendre pourquoi les postures acrobatiques sont apparues dans le haṭhayoga plusieurs siècles plus tard que prévu.

À un certain moment de votre parcours dans le yoga, vous avez sans doute remarqué que certaines postures avancées ressemblent à des mouvements acrobatiques. Vous vous êtes peut-être même demandé s’il existait un lien entre les deux. Pourtant, cette idée est souvent écartée en raison de la vision puriste du yoga, qui décourage toute discussion sur les possibles racines acrobatiques du haṭhayoga. Ce tabou provient probablement de l’image négative associée aux acrobates, souvent perçus comme des artistes peu fiables, ce qui risquerait d’entacher l’aura mystique des yogins.

Fait intéressant, le mot « yoga » lui-même, tel qu’il apparaît dans le Ṛgveda, désignait à l’origine un moment d’activité guerrière. Il faisait référence à de puissants guerriers sous la protection d’Indra, qui partaient en expéditions, combattaient et s’appropriaient des ressources — bien loin de l’image pacifique du yoga moderne. Ce contraste entre *yoga* (activité guerrière) et *kṣema* (repos) reflète les fondements moraux et esthétiques du yoga. Les figures médiévales telles que les Nāths et les Gosains, qui ont développé le haṭhayoga, étaient des mercenaires impliqués dans le commerce, la traite humaine et le trafic d’armes — une réalité très éloignée de l’idéal pacifique du yoga.

Par la suite, les pratiques tantriques bouddhistes centrées sur l’accumulation du pouvoir ont également influencé le haṭhayoga, qui a commencé à considérer le corps comme un moyen d’atteindre la libération (*jīvan-mukti*). Ce changement de perspective a permis au haṭhayoga d’intégrer des mouvements acrobatiques en les transformant en symboles de puissance — à la fois spirituelle et matérielle.

Ainsi, cette conférence proposera une perspective unique, reliant plusieurs aspects de l’histoire du yoga et mettant en lumière un chemin souvent négligé qui explique comment les postures que vous pratiquez aujourd’hui, complexes et dynamiques, ont trouvé leur place dans le haṭhayoga.

Patrick S. D. McCartney est Phoenix Fellow à la Faculté des Lettres de l’Université d’Hiroshima et titulaire d’un doctorat de la Australian National University (2016). Ses recherches interdisciplinaires établissent des passerelles entre l’archéologie, l’histoire de l’art, la philologie classique, la sociolinguistique, les sciences sociales computationnelles, la science politique et l’anthropologie culturelle et économique.

Il travaille aux frontières de la politique de l’imaginaire, de l’économie du désir, de la sociologie de la spiritualité et de l’anthropologie de la religion. Son intérêt constant porte sur l’exploration des biographies du sanskrit et du yoga, ainsi que sur leurs relations avec la théologie politique, la diplomatie concurrentielle, le tourisme, le *nation branding* et le développement fondé sur la foi.

Les travaux de McCartney se concentrent sur les traditions physiques et performatives de l’Asie du Sud — telles que la lutte, l’acrobatie et les spectacles de rue — et explorent leurs intersections complexes avec le tourisme transnational du yoga ainsi qu’avec les dynamiques sociolinguistiques des communautés « parlant sanskrit ».

McCartney ouvre également de nouvelles voies de recherche sur l’ethnohistoire mondiale des festivals agricoles — y compris les célébrations communautaires rituelles liées aux récoltes locales — et sur les trajectoires historiques de l’acrobatie sur perche, retraçant leur évolution depuis les contextes rituels de performance traditionnels, notamment l’art rupestre paléolithique, jusqu’aux rôles symboliques et performatifs modernes dans les contextes touristiques.

La conférence de Patrick S. D. McCartney est prévue le 7 décembre, à 10 h 00 (heure de Paris).

Après le paiement, vous recevrez un e-mail de confirmation à l’adresse fournie lors de l’inscription, contenant le lien Zoom de la conférence. Vous pourrez l’utiliser pour vous connecter le jour de la conférence, le 7 décembre, à 10 h 00 (heure de Paris).