par Carlos Cristian Arruebo (enseignant de yoga AEPY)
Expérience de karma yoga suite à la tempête Dana en Espagne
Les inondations provoquées en Espagne par la tempête Dana à la fin du mois d’octobre ont touché plusieurs communautés. Dans la région méridionale de Valence, ce fut une catastrophe, qui a privé une grande partie de la population d’électricité et d’eau potable pendant des semaines.
Les habitant.e.s de Valence et d’autres villes, voyant ce qui s’était passé et le besoin d’aide, ont commencé à s’organiser et à aider comme ils le pouvaient. Le principal problème des premiers jours était que, parmi la boue, les voitures et tout ce que l’inondation avait entraîné, il y avait des cadavres d’humains et d’animaux. L’organisation ‘Igualdad Animal’ a dénombré 2 950 cadavres d’animaux de ferme dans seulement 17 fermes d’élevage, et selon le gouvernement, il y a eu 232 décès humains, dont 219 dans le même quartier de Valence.
J’enseignais pendant la semaine et, le premier week-end, j’animais une retraite de yoga, si bien que je n’ai pu apporter mon aide que deux semaines après la tempête. Même si j’étais en contact avec la population locale et les médias officiels, je n’ai pu me rendre compte de la situation que le premier jour, lorsque nous nous sommes rendus dans la ville de Benetússer. J’ai été choqué de voir que la rivière de boue avait atteint une hauteur de 1,80 mètre dans les rues. Tout – les voitures, les murs des maisons, le contenu des centres commerciaux et des stations-service – était éparpillé là où l’inondation l’avait entraîné.
Sur les médias sociaux, des bénévoles ont offert leur aide partout où elle était nécessaire. Ils nous indiquaient l’heure et le lieu, nous demandaient si nous avions des bottes et des gants imperméables, ou nous aidaient à trouver ce dont nous avions besoin. Notre coordinatrice était une femme de Benetússer qui n’avait toujours pas l’eau courante chez elle. Nous avons commencé à travailler dans une colonie de chats, où nous devions répandre de la terre pour que ces derniers puissent marcher sans s’enliser dans la boue. Pendant que nous travaillions, elle nous a expliqué comment, le premier jour, elle avait vu des gens sans cœur profiter de la situation pour voler, tandis que d’autres se concentraient sur le sauvetage des personnes coincées dans les étages supérieurs. Elle nous a dit que le plus beau dans tout cela, c’était de voir le nombre de bénévoles qui s’étaient présentés pour aider, des gens venant de partout qui n’y étaient jamais allés auparavant et qui n’ont pas hésité à s’organiser pour venir aider.
En quittant Benetússer, nous avons traversé la rue principale et vu des stands de fortune dans des camionnettes et des tables de camping avec des produits de première nécessité, des douches portables et des soins médicaux et psychologiques. J’ai été frappé par un café détruit : il n’avait plus de murs et les propriétaires faisaient bouillir de l’eau sur un réchaud pour servir du café aux client.e.s qui s’asseyaient où ils pouvaient, au milieu des décombres, comme si c’était tout à fait normal.
J’ai réalisé que nous sommes beaucoup plus vulnérables que je ne l’avais pensé, et j’ai été profondément ému par les réactions spontanées et désintéressées des personnes qui, « sans réfléchir », se sont immédiatement mises en route pour apporter leur aide. J’espère que si un événement similaire se reproduit, il y aura un système d’alerte précoce et que nous n’aurons à déplorer que des pertes matérielles.
Reste forte, Valence