par Osman Yoncaova

Prāṇa - la force de la vie 

En août, le congrès européen annuel de yoga s’est déroulé pour la 51e fois à Zinal. Un lieu où le prāṇa – le thème  de cette année – est accessible partout. Tout comme les torrents qui s’écoulent des innombrables coins et recoins des pentes rocheuses pour se fondre en une puissante rivière dans la vallée, les adeptes du yoga se rassemblent dans les ruelles et les chemins du village pour rejoindre une pratique matinale, alors que la montagne est encore enveloppée d’une brume délicate et que les sommets commencent à scintiller d’une couleur abricot, dans les premiers rayons de la lumière du jour. Peu à peu, cette dernière recouvre l’obscurité. Différents enseignants transmettent leur expérience et leurs connaissances lors de ces réunions et, ici et là, de nouvelles idées se mettent à  éclairer la salle de pratique. Inspirez, expirez. Fermez, ouvrez. Une énergie vibrante est omniprésente. 

Au moment du petit-déjeuner, les participants se séparent à nouveau,  puis se retrouvent pour la pratique suivante. Le choix de plus de 20 offres par jour crée un kaléidoscope de différentes perspectives de yoga.

Le soleil est maintenant plus haut dans le ciel bleu foncé. Un groupe est assis sur une terrasse en compagnie de son enseignant. Lors d’une méditation les yeux ouverts, ils puisent dans l’abondance de la nature, dans la puissance des montagnes, chez les anciens de la nature. Les conférenciers d’honneur,  Siddhartha Krishna et Swāmī Maitreyī donnent dans la salle principale, l’un  le matin et l’autre l’après-midi,   une conférence-atelier  bien fréquentée. Du point de vue de leurs traditions respectives, ils expliquent les subtilités des concepts de prāṇa et les étayent par une pratique ou une méditation. 

Le programme du soir offre l’opportunité de rencontres informelles, d’échanges et de discussions. Lors du concert avec les kīrtans du mercredi soir, le sentiment omniprésent d’ouverture, de beauté et d’unité ressenti durant ces journées se condense en une expérience tactile de la danse. Les participant-e-s se tiennent par la main et se balancent en cercle. Ils – elles sont heureux-ses.

Le lendemain soir, des définitions et des concepts du prāṇa sont abordés lors d’une table ronde. Des questions sont posées, des réponses cherchées. Mais les modèles explicatifs rationnels n’ont qu’une capacité limitée à éclairer la compréhension. La réponse qui ramène l’abstrait au niveau pratique est donnée par Siddharta Krishna: il joint ses paumes en un geste, les porte à son cœur, incline humblement sa tête vers ses mains, démontrant la nécessaire réunion du karma, de la bhakti et de la jñāna. À une autre occasion, Swāmī Maitreyī fait une proposition similaire. Elle souligne l’importance de combiner le service, l’amour et le don afin de vivre le yoga dans la vie pratique. 

François Lorin, ancien vice-président de l’UEY, enrichit la table ronde avec la sagesse des anciens. Il nous rappelle la différence entre l’intellect et l’intelligence: les connaissances accumulées intellectuellement ne suffisent pas à saisir la vérité. Le bonheur et la liberté ne peuvent être acquis par quelque chose d’extérieur à nous-mêmes. En plus des exercices sur le tapis de yoga, nous avons besoin d’une pratique qui inclut les actions et les rencontres de la vie quotidienne, avec ce qu’elles ont de beau et de laid. Le vrai travail commence lorsque nous partons,  laissant derrière nous les circonstances bienveillantes et favorables du congrès – que certains participants voient comme un festival – et que nous retournons dans le terrain ordinaire de nos activités quotidiennes.

 François Lorin utilise une très belle image pour illustrer cela : L’abeille entre dans la fleur pour y récolter du nectar. Mais elle ne reste pas dans le calice. Elle s’envole. Elle recherche la libération de l’attachement ainsi que l’espace vaste et ouvert, avec la plénitude vibrante de la force vitale, prāṇa.