La UEY vous présente ces recommandations, mais nous vous conseillons de ne pas expérimenter cette pratique seul et de bien vérifier la formation de votre encadrant avant de vous lancer dans cette expérience.

Recommandations pour le toumo

par Anne Laurençon

Les bains dans l’eau glacée sont à la mode. La médiatisation de la méthode Wim-Hof a contribué à leur popularité. Cependant, sans une approche bien comprise de ces  pratiques, le refroidissement du corps peut provoquer des blessures dont la plus grave est l’hypothermie. Afin d’éviter l’accident, des règles de sécurité doivent être strictement observées. Il est capital de ne pas se fixer d’objectifs sans avoir acquis une connaissance personnelle ainsi qu’une maîtrise du contact avec le froid. 

Je m’appuie sur les enseignements de Maurice Daubard que j’ai suivi une dizaine d’années. Maurice avait commencé ses baignades dans l’Allier en 1956 à une époque où des glaçons flottaient dans cette  rivière   plutôt impressionnante au dire même des Auvergnats. Maurice est alors un homme désespéré qui tente ainsi de se sauver de la tuberculose déclarée incurable. Ses baignades quotidiennes sont  favorables à sa santé et Maurice continuera à s’exposer au froid jusqu’aux  derniers mois de sa vie, simplement en sortant à l’extérieur en petite tenue.

Ses enseignements ne se résumaient pas à vous faire entrer dans de l’eau glacée pour y trouver un potentiel effet physiologique bénéfique, ils étaient bien plus vastes. En particulier, Maurice insistait sur la psychologie des êtres humains et les liens qui unissent notre monde intérieur et le monde extérieur.
Il a enseigné les pratiques d’exposition volontaires au froid sous le nom de yoga Toumo, dès  1978 ; dans un premier temps en Suisse, puis en Italie. Maurice avait adapté des pratiques de Toumo tibétain, aussi parlait-il de yoga d’inspiration tibétaine.  Il insistait sur la connexion avec quelque chose de plus grand que soi, qui nous dépasse, lors de pratiques menées dans un cadre naturel afin de pouvoir se connecter avec notre nature la plus profonde.

Avant de passer aux recommandations, la première des préparations, et elle est indispensable, est d’intégrer progressivement le contact au froid dans son  quotidien. Quand l’automne arrive, ne vous jetez pas sur vos pulls mais faites une promenade quotidienne en short et tee-shirt. Ou bien méditez le matin sur votre balcon le plus dénudé possible. Ce sont des exemples que Maurice proposait pour que chacun s’approprie cette rencontre quotidienne avec le climat. Il existe autant de formules que de styles de vie. A vous de trouver les conditions qui vous permettent de passer une  petite heure quotidienne avec les éléments, le froid, la nature qui nous entourent.

RECOMMANDATIONS PRATIQUES

S’exposer au froid peut se faire aisément au contact de l’air ou de l’eau. Je ne parlerai pas ici des techniques dérivées utilisées par les soignants de sportifs de haut niveau qui intègrent l’exposition à des gaz sous pression de façon à refroidir très rapidement les corps. Privilégiez plutôt une exposition aux éléments naturels et sortez par tous les temps. Maurice recommandait une heure (maximum) par jour par tous les temps. Laissez-vous caresser par le vent, la pluie ou la neige. Quel que soit le contact choisi, il vous faudra avant tout installer un état intérieur. Recueillement, humilité sont des sentiments à développer avant d’entrer en contact avec les températures extrêmes. Il faut effectivement une bonne préparation mentale pour faire face aux douleurs provoquées par la morsure du froid intense sur la peau.

LE LIEU

Étudiez le lieu où vous pensez vous installer pour méditer ou pour communier avec les éléments. Chaque endroit  a ses particularités et nous ne sommes pas tous proches d’un espace naturel. Vous devrez donc avoir une idée précise du temps nécessaire  pour revenir en sécurité dans un lieu familier. Il est également important d’établir des repères solides  pour ne pas vous égarer lors du retour. Ces pratiques peuvent en effet générer des états euphoriques qui brouillent la conscience d’où la nécessité d’avoir au préalable baliser le chemin s’il ne vous est pas familier. Le mieux est d’être accompagné d’une personne qui vous aidera en cas de difficultés.

PAS D’EAU CHAUDE sur le corps après l’exposition au froid  

Peut-être que vous serez tentés par le contact d’une eau chaude sur la peau : NON, vous risqueriez un grave problème vasculaire. D’ailleurs l’eau froide vous paraîtra très chaude si vous venez de plonger dans de l’eau glacée. Vous devrez vous réchauffer de façon graduelle.

Se COUVRIR 

Privilégiez des habits faciles à enfiler et à refermer : pas de zip, pas de lacets. Prévoir des couches superposées pour se couvrir façon pelures d’oignon. Vos doigts engourdis ne pourront pas  attacher des vêtements sophistiqués.

Boire CHAUD 

Amenez un thermos d’eau chaude (tisane, thé, ce qu’il vous plaît) pour vous réchauffer de l’intérieur. Prévoyez un système simple à ouvrir.

LA DURÉE d’exposition 

Si vous choisissez le bain d’eau froide, rester dans l’eau 3 à 5 min, ce qui permet de déclencher les réponses physiologiques. Prévoyez 10 min maximum : il est rare que l’on soit naturellement à même de pouvoir rester longtemps dans l’eau glacée dès le premier bain. Attention, on peut  trouver un confort dans ces conditions extrêmes et  facilement s’oublier jusqu’à dépasser la limite de temps choisie. Le prix à payer est alors rude ! 

Le contrecoup d’une exposition trop longue pour nos réserves énergétiques sera très difficile à gérer.  Surtout ne cherchez pas à battre un quelconque record, et soyez plutôt à l’écoute des signes physiologiques qui s’installent au fur et à mesure. D’un jour à l’autre, la fatigue, le stress, peuvent modifier l’aptitude que vous aurez à vous exposer au froid. Soyez attentifs à vos signaux intérieurs : Maurice recommandait d’être dans le calme et l’attention lors des bains, des méditations assises. 

Pour conclure, j’insiste sur le fait que ces activités sont très exigeantes. Nous avons besoin de toutes nos forces et d’une pleine capacité de concentration pour les aborder. Une surexposition, ou un mauvais calcul du risque, nous amène très rapidement à sentir que notre force physique diminue et à perdre toute lucidité. Donc pas d’approximation sous peine de se mettre en danger ou au minimum ne tirer aucun bénéfice de ces pratiques. 

Abordez-les avec sérénité et relaxation. Il est impératif de contrôler la situation : être dans l´accueil du moment présent, oui, mais sans subir des situations imprévues. Planifiez au mieux vos sorties.

A propos de l’auteur

Anne est Docteur en sciences de la vie. Elle travaille pour le CNRS, l’institut de recherche fondamentale Français. Elle pose des questions expérimentales sur de petits animaux, vers et mouches. Les thématiques sur lesquelles elle travaille sont en lien avec la dynamique des génomes, les mécanismes sensoriels, la durée de vie et le vieillissement. Anne Laurençon n’a pas la prétention de connaître les secrets sur les sujets qu’elle étudie. Plutôt, elle se défini comme une femme, une mère… rassurante (c’est son maître de yoga qui le dit!). Elle a entrepris une quête à la recherche de qui elle est profondément en 2007, et ce chemin se décline sur tous les aspects de sa vie, en yoga. Anne est professeur de yoga, notamment de yoga Toumo, formée à l’Institut Maurice Daubard

patrickdaubard.com/toumo

www.yogapartout.com/AnneLaurencon